Voilà, on y est: ma première journée de VRAI backcountry*, l'une des raison principale pourquoi j'ai fait ce voyage. J'ai bien fait un peu de randonnée avant-hier avec deux Argentins rencontré sur le spot, Santiago et Pablo, mais ça ne comptais pas: la neige était dure et casi-glacée, pas du tout amusante à skier (mais cependant il n'y avait aucun risque d'avalanche).
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Le snow strappé dans le dos, gros sourire :) |
Après trois jours de ski, j'ai fini par connaître la montagne assez pour savoir ce qu'il faut faire pour profiter de l'arrière pays. Je n'avais pas encore de partenaire ce matin, mais il y a un camp de skieurs des États-Unis (dont l'acronyme est SGT, mais ne me rappelle plus sa signification), entièrement équipés pour le sauvetage en avalanche et ils sont ici pour la même raison que moi. Je leur ai bien-sûr demandé si je pouvais me joindre à eux, mais pour des raisons d'assurances, ils m'ont dit que je ne pouvais pas faire parti de leur groupe. Cependant, si je ski pas très loin d'eux pour qu'ils me voient, ils m'ont dit que si jamais il arrivait quelque chose, il n'hésiteraient pas une seconde à me venir en aide. Ça me suffit.
Ce matin je les ai donc vu en train de marcher en groupe vers la Laguna, un côté de la montagne seulement accessible après 1h15 de marche depuis le haut du télésiège le plus à la gauche de la montagne. J'ai donc décidé de commencer ma randonnée à cet endroit.
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Ascension |
Première étape, j'attache ma planche à neige sur mon sac à dos prévu spécialement à cet effet, et je me met en marche. Aujourd'hui, la température est idéale: le ciel est bleu, il fait beau soleil, mais assez froid pour que la neige reste poudreuse. Hier nous avons reçu une tempête de neige qui a déposé quelques 20 centimètres partout sur la montagne. Ce côté était cependant fermé à cause du vent à ce moment. Aujourd'hui, j'aurais donc droit à de la neige vierge: Super!
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On arrive vers le sommet |
L'ascension est difficile. À un moment, la pente devient si à pic que je glisse de deux pieds à chaque fois que je fait un pas vers le haut. Je décide donc d'y aller en diagonale, de façon à faire des "Z", pour me rendre au sommet. C'est plus long, mais plus sûr. Pour ceux qui s'inquiètent, la neige aujourd'hui n'est pas vraiment propice à faire des avalanches: trop fine et légère pour glisser en un tout, elle ne fait que partir au vent à chaque pas.
Rendu au sommet, je décide de marcher le long de crête pour atteindre un spot sans traces que j'ai remarqué durant l'ascension. Ce faisant, je rencontre Rob, un planchiste du Colorado, qui lui aussi n'a pas de partenaire. Nous décidons de faire la descente ensemble. Il est lui aussi équipé de tout l'équipement nécessaire pour le secours: émetteurs-recepteur, sonde, pelle et trousse de premier-soins. Nous décidons de faire une petite traverse en planche à neige pour atteindre un point plus éloigné qui semble bien pour commencer la descente.
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Le sommet et moi |
Rendu là, nous rencontrons aussi Jannis, un type qui vient d'Allemagne et qui se joint à nous. Vous remarquez donc que cet endroit, étant à uniquement 1h15 de randonnée, donc assez accessible, est très populaire. Il y a environ une dizaine de skieurs et planchistes éparpillés un peu partout, sans compter la 20aine de jeunes du camp SGT. Cet endroit ressemble un peu à une cuvette: il y a une énorme crête qui a la forme d'un croissant, depuis laquelle on peu skier jusqu'à une vallée très plane.
Descente. J'y vais après Rob et Jannis. La neige poudreuse est superbe, vraiment incroyable à skier. C'est un sensation totalement différente des pistes: on flotte littéralement sur la planche et les virages se font comme un charme. Après quatre ou cinq virages, une fois que je suis bien enligné sur la vallée, je décide d'y aller en ligne droite, juste pour voir quelle vitesse je peux atteindre. Malheureusement, n'étant pas équipé d'un dash de char, je ne peux pas dire de chiffre exact, mais disons que je me sentais aller dans les environ de 80-90 km/h...
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La laguna |
Arrivé sur le plat, je dépasse Rob et Jannis qui sont en perte de vitesse. J'ai effectivement mis une petite couche de cire au fluor en "pouisch" avant la descente pour éviter d'avoir à marcher après. La planche arrête après un moment, je m'étend dans la neige, les jambes en feu, épuisé, le sourire au lèvre. En attendant mes partenaires, je mange mon petit sandwich jambon-fromage préparé pour l'occasion.
Il reste encore un peu de terrain à descendre avant d'atteindre le télésiège. Il faut en effet contourner la crête et passer à travers un boisé avant d'arriver à destination. Cet endroit étant un peu comme un entonnoir, il y reste très peu de poudreuse fraiche. Le chemin est tout de même amusant à rider. Arrivé à destination, on remonte par le télésiègne. Jannis doit y aller. Moi et Rob décidons d'en faire un autre, mais seulement après avoir rempli d'eau nos CamelBak et pris une petite pause.
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La vue dans la vallée: C'est vraiment une cuvette |
Deuxièmen montée, similaire à la première. Cependant, rendu à un moment où nous étions presqu'au sommet, le soleil devient de plus en plus chaud et réchauffe la neige. Tabarnak... La neige devient molle et collante. Avec la neige dure qu'il y avait avant la tempête d'hier, cela fait donc une couche qui peut glisser à tout moment en un tout. Extrêmement dangereux pour les avalanches. C'est arrivé si vite, on ne s'attendait pas du tout à de telles conditions. Le pire, c'est que derrière nous il y a une falaise d'une quinzaine de mètres. Si jamais il y a un glissement, nous risquons de tomber en bas de celle-ci et ensuite d'être enterré par un quantité incroyable de neige. Pas cool. Mettons qu'on a eu un peu peur...
On se dépêche d'arriver au sommet. Si jamais il y a une avalanche, mieux vaut être en haut qu'en dessous. Durant la descente, on fait attention. On reste en hauteur en faisant le tour de la cuvette jusqu'à la fin de la vallée. Moins le fun qu'un grosse descente en vitesse, mais on est jamais trop prudent. Arrivé en bas, rien de grave n'est arrivé, on est sain et sauf, et on se dit que la prochaine fois on va faire plus attention à la température: lesson learned. Si je reviens demain et qu'il y a des traces d'avalanche, je vais peut-être freaker un peu...
La partie dans le sous-bois est sans-danger cependant. En passant, je remarque un petit jump fait par des skieurs qui sont passé avant nous. Je décide de l'essayer. Je me plante, mais c'est drôle tout de même.

Arrivé au télésiège, il est déjà 16h. On redescent par la gondole jusqu'à la base. Les jambes en feu, épuisé, le sourire au lèvre, je suis en vie. J'ai passé ma meilleure journée de snowboard à vie, même malgré le stress de la deuxième descente.
Au retour, je fais du pouce à la sortie du parking. Tout le monde le fait. C'est la façon la plus facile de retourner à mon auberge de jeunesse qui est située à mi-chemin entre la ville de Bariloche et la montagne Cerro Catedral : tout le monde passe par cet endroit. Je pourrais bien sûr prendre le bus. Il est pas cher, 8 pesos, mais il est toujours plein. Il passe aux heures et en plus c'est super inconfortable de passer les 10 km debout avec ma planche. Avec le pouce, je suis capable de revenir plus tôt et avec beaucoup plus de confort. Parfois c'est un type qui travaille à la montagne, parfois un instructeur, parfois une petite famille de Buenos Aires ou Bariloche, mais jamais un touriste. Je fait bien trop "bum" pour eux...
Arrivé à l'auberge, les jambes en feu, épuisé, le sourire au lèvre, je me fait une petite collation de type "confort-food": Dulce de Leche sur des biscuits à thé. Miam.
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La vue depuis le boisé |
Ici, il y a deux planchistes des States. Ils possèdes des split-boards, des planches qu'on peut séparer en deux pour faire deux genre de ski, parfait pour la randonnée une fois qu'on attache une peau de phoque sur la base. Ils ont engagé un guide pour une semaine, histoire d'apprendre à connaître les endroits où il est possible de faire de la randonnée et dénicher de bonnes descentes vierges. Ils sont cependant ici pour 3 semaines environ. Une fois qu'ils auront fini leur tour guidé, ils ont promis de m'amener dans ces endroits. Je devrai louer des raquettes pour les suivre, mais ce sera sûrement moins cher qu'un billet de ski...
Je suis présentement en train de faire un montage des vidéos capturés aujourd'hui avec ma caméra de casque GoPro, je vous met ça en ligne aussitôt que c'est terminé.
À plus!
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*L'action d'aller skier dans "l'arrière-pays", c'est à dire à des endroits inaccessibles par les clients habituels de la montagne qui utilisent uniquement les télésièges.. Cela nécessite souvent de faire un peu de randonnée, de la raquette, de la motoneige ou un lift en hélicoptère.