C’était la troisième randonnée. Depuis que
j’avais emménagé dans l’appartement de Lucie, une monitrice de France, de son
copain et de leur coloc Mathias, je profitais enfin pleinement de la montagne.
En effet, ces trois là étaient des freeriders
confirmés. À chaque matin, nous nous levions tôt pour atteindre des spots où la
neige était encore vierge, situés entre une et deux heures de marche de la
station.
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Lucie et Augustin |
La première fois, Lucie et moi sommes allés
à Cerro Martin, une descente assez sécuritaire, sans obstacles ni falaises,
mais remplie de neige poudreuse entassée par le vent malgré l’absence de
tempête de neige récente. La deuxième fois nous avons descendu Cerro Negro,
cette-fois accompagné d’Augustin, le copain de Lucie. Cet endroit possède deux
jolis couloirs entre les rochers et un cap de roche qu’il est possible de
sauter ou de contourner. J’avais décidé de m’approcher du cap pour voir si je
pouvais justement sauter par-dessus. Erreur. Un faux pas et j’ai eu tôt fait de
me retrouver assis sur une pierre instable, incapable de détacher ma fixation
pour remonter, avec la seule option de sauter. Après un (long) moment
d’hésitation, j’ai fini par sauter pour atterrir sain et sauf dans la neige
poudreuse. À part ce petit accroc, le reste de la descente s’est tout de même
bien passé.
Samedi, troisième randonnée. Cette fois,
l’équipe était constituée de Lucie, Mathias et son ami Lee, et de moi-même.
Nous nous dirigions vers Entre Rios, un mont possédant plusieurs lignes de
descentes très intéressantes, avec plusieurs couloirs à skier et quelques
falaises à contourner. Nous avions eu quelques centimètres de neige la nuit
d’avant, donc nous nous attendions à skier de la belle neige. C’est durant la
randonnée pour atteindre Entre Rios que cela s’est passé.
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Entre Rios |
Cela faisait environ une heure et demie que
nous marchions. Pour atteindre le sommet, le plus facile est de contourner la
montagne afin de grimper le moins en pente possible. Nous traversions justement
un versant de la montagne et cela devenait de plus en plus difficile. Sous la
couche de neige poudreuse d’environ 15 cm, il y avait une couche de neige très
dure et compacte, casiment glacée. Cela faisait en sorte que nous glissons
souvent vers le bas si nous ne faisions pas attention à nos pas. Cependant,
nous n’étions pas trop inquiets que cette couche de poudreuse se détache,
puisque la neige y était très légère. Malheureusement, les conditions de neige
en montagne peuvent changer très rapidement d’un endroit et d’une minute à
l’autre. À un moment, nous commencions à remarquer des craquelures autour de
nos traces de pas. L’instant suivant, une fissure s’est propagée du pied de Lee vers le haut de la pente et une couche entière de
neige s’est détachée entre Lee et Mathias. L’avalanche n’était pas
énorme : environ une quinzaine de mètre de largeur. De plus, le 15 cm de neige poudreuse n’était
pas suffisant pour enterrer un homme. Tout de même, nous avons été chanceux que
personne n’aie été amené par la neige : on ne sait jamais si une pierre s'y cache, pouvant blesser gravement quelqu’un. Heureusement,
l’endroit où nous nous trouvions était plutôt sécuritaire; il n’y avait ni
falaise si rocher.
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Les restes de l'avalanche |
Nous avons donc décidé de rebrousser
chemin. Une avalanche durant la randonnée, c’est un signe de la montagne qui te
dit : demi-tour, vas boire un chocolat chaud à l’appartement, meilleure
chance la prochaine fois. En effet, si les conditions de neiges sont
suffisantes pour causer une avalanche, c’est qu’il y de grosses chances pour qu'il y en aie une autre durant la journée. Et sachant qu’Entre Rios est un
terrain assez dangereux en cas d’avalanches à cause de la présence de rochers
et falaises, on ne pouvait pas prendre ce risque. Nous nous en sommes donc tenus
aux pistes damés et à la télévision pour le reste de la journée. Et pour cause,
à la fin de la journée les traces laissées par une avalanche étaient clairement
visibles sur la face d’Entre Rios…
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