lundi 20 août 2012

Avalanche


C’était la troisième randonnée. Depuis que j’avais emménagé dans l’appartement de Lucie, une monitrice de France, de son copain et de leur coloc Mathias, je profitais enfin pleinement de la montagne. En effet, ces trois là étaient des freeriders[1] confirmés. À chaque matin, nous nous levions tôt pour atteindre des spots où la neige était encore vierge, situés entre une et deux heures de marche de la station.

Lucie et Augustin
La première fois, Lucie et moi sommes allés à Cerro Martin, une descente assez sécuritaire, sans obstacles ni falaises, mais remplie de neige poudreuse entassée par le vent malgré l’absence de tempête de neige récente. La deuxième fois nous avons descendu Cerro Negro, cette-fois accompagné d’Augustin, le copain de Lucie. Cet endroit possède deux jolis couloirs entre les rochers et un cap de roche qu’il est possible de sauter ou de contourner. J’avais décidé de m’approcher du cap pour voir si je pouvais justement sauter par-dessus. Erreur. Un faux pas et j’ai eu tôt fait de me retrouver assis sur une pierre instable, incapable de détacher ma fixation pour remonter, avec la seule option de sauter. Après un (long) moment d’hésitation, j’ai fini par sauter pour atterrir sain et sauf dans la neige poudreuse. À part ce petit accroc, le reste de la descente s’est tout de même bien passé.

Samedi, troisième randonnée. Cette fois, l’équipe était constituée de Lucie, Mathias et son ami Lee, et de moi-même. Nous nous dirigions vers Entre Rios, un mont possédant plusieurs lignes de descentes très intéressantes, avec plusieurs couloirs à skier et quelques falaises à contourner. Nous avions eu quelques centimètres de neige la nuit d’avant, donc nous nous attendions à skier de la belle neige. C’est durant la randonnée pour atteindre Entre Rios que cela s’est passé.

Entre Rios
Cela faisait environ une heure et demie que nous marchions. Pour atteindre le sommet, le plus facile est de contourner la montagne afin de grimper le moins en pente possible. Nous traversions justement un versant de la montagne et cela devenait de plus en plus difficile. Sous la couche de neige poudreuse d’environ 15 cm, il y avait une couche de neige très dure et compacte, casiment glacée. Cela faisait en sorte que nous glissons souvent vers le bas si nous ne faisions pas attention à nos pas. Cependant, nous n’étions pas trop inquiets que cette couche de poudreuse se détache, puisque la neige y était très légère. Malheureusement, les conditions de neige en montagne peuvent changer très rapidement d’un endroit et d’une minute à l’autre. À un moment, nous commencions à remarquer des craquelures autour de nos traces de pas. L’instant suivant, une fissure s’est propagée du pied de Lee vers le haut de la pente et une couche entière de neige s’est détachée entre Lee et Mathias. L’avalanche n’était pas énorme : environ une quinzaine de mètre de largeur.  De plus, le 15 cm de neige poudreuse n’était pas suffisant pour enterrer un homme. Tout de même, nous avons été chanceux que personne n’aie été amené par la neige : on ne sait jamais si une pierre s'y cache, pouvant blesser gravement quelqu’un. Heureusement, l’endroit où nous nous trouvions était plutôt sécuritaire; il n’y avait ni falaise si rocher.

Les restes de l'avalanche
Nous avons donc décidé de rebrousser chemin. Une avalanche durant la randonnée, c’est un signe de la montagne qui te dit : demi-tour, vas boire un chocolat chaud à l’appartement, meilleure chance la prochaine fois. En effet, si les conditions de neiges sont suffisantes pour causer une avalanche, c’est qu’il y de grosses chances pour qu'il y en aie une autre durant la journée. Et sachant qu’Entre Rios est un terrain assez dangereux en cas d’avalanches à cause de la présence de rochers et falaises, on ne pouvait pas prendre ce risque. Nous nous en sommes donc tenus aux pistes damés et à la télévision pour le reste de la journée. Et pour cause, à la fin de la journée les traces laissées par une avalanche étaient clairement visibles sur la face d’Entre Rios…


[1] Des skieurs/planchistes qui préfèrent la liberté du hors-piste aux pistes damées.

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